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LE MONT BLANC (4810 m)
Massif du Mont-Blanc - Haute-Savoie

Michel et Oswald sur le toit de l'Europe

Cela fait plusieurs années que nous en parlions au club, nous l'avons préparé plusieurs fois, raté en 2002 (mauvaise météo), Michel et Oswald l'ont fait cette année, bravo à eux, même si nous n'avons jamais fait de fixation sur ce magnifique sommet dont l'ascension ne s'improvise pas, nous espérons y monter à notre tour avec eux.

Merci à Michel Couturier pour ses photos et son compte rendu.

Date de la sortie : Lundi 30 Juin, Vendredi 4 et Samedi 5 Juillet 2003
Participants : Michel et Oswald
Lieu de départ : Saint-Gervais, Le Nid d'Aigle (2372 m) - Haute-Savoie.
Accès : Saint-Gervais, Le Nid d'Aigle (2372 m) par le Tramway du Mont Blanc - Haute-Savoie.
Altitude départ : 2372 m      Altitude arrivée : 4810 m      Dénivellé : 2438 m
Cartes IGN : IGN carte de randonnée n° 3433 ET Valmorel - Saint François-Longchamp, au 1/25000
Equipement : Alpinisme
Météo : Temps se couvrant rapidement à la première tentative, beau temps, froid et vent à la montée, pour la deuxième tentative.
Adresses Web utiles :
Remarques : Sans commentaire.

Lundi 30 juin, le grand jour est arrivé, Roger Montmayeur se joint à nous, nous partons tôt direction Saint Gervais. La météo n’est pas optimiste pour le lendemain mais le moral est bon.
Sur l’autoroute Oswald constate qu’il a oublié son pantalon …..il est en short, nous décidons de continuer. A Saint Gervais nous faisons le tour des magasins de sport pour acheter un pantalon, mais à cette heure matinale tous les commerces sont fermés.
Le tramway arrive, (le TMB) nous partons en brinqueballant dans un bruit assourdissant de crémaillère, direction le nid d’aigle.
Arrivée au nid d’aigle 2372 mètres. Terminus tout le monde descend. Les portes s’ouvrent, ça court dans tous les sens, on se bouscule, les piolets vous frisent les narines, on se cogne, ça frise le pugilat, on s’interpelle en Anglais, en Allemand, en Italien, ou en Japonais avant de se ranger sagement dans la colonne qui attaque les premiers lacets acérés du sentier. La pente est raide, les guides imposent une allure modérée ce qui permet d’atteindre le replat de la baraque forestière sans problème.

Départ à la gare du tramway Dans le tramway, c'est encore cool Vue vers l'objectif C'est parti !

A notre droite le glacier du Bionnassay, majestueux et très crevassé, en face l’Aiguille du Gôuter, vue d’en bas elle manque quelque peu d’élégance cette aiguille on dirait un immense tas de cailloux avec à son sommet le refuge du Goûter. Il va falloir l’escalader.
Nous chaussons les crampons sur le glacier près du refuge de Tête Rousse 3167 mètres, petite pose casse croûte avant de repartir en direction du fameux grand couloir de triste réputation, il est un des endroits les plus meurtriers du massif du Mont Blanc. Chaque année cinq ou six morts y sont à déplorer à cause des chutes de pierres très fréquentes à cet endroit et de la sur-fréquentation du lieu. Il est indispensable de porter un casque pour traverser.
Il fait chaud, le vent du sud souffle en rafales, la neige est molle et glissante, a cause du dégel, ça « parpinne » dur dans le grand couloir, les guides rassurent leurs clients trop nerveux tout en leur donnant des consignes de sécurité, on est mal à l’aise, un alpiniste s’élance, panique et tombe, il se rattrape, plus de peur que de mal, à notre tour de nous élancer dans le couloir, ça passe, ouf.
On repart, tel un long mille-pattes, la colonne s’étire le long du sentier abrupt et très aérien de l’aiguille, ça souffle, ça transpire, ça bouchonne, on se cramponne aux câbles et aux blocs, mais malgré tout ça avance.

Recontre avec des bouquetins Le refuge de tête rousse et l'aiguille de Bionnassay A l'assaut de l'aiguille du Gouter Dans le terrible couloir de l'aiguille du Gouter

L’arrivée au refuge est un bonheur, surtout pour les plus épuisés.
Nous sommes à 3817 mètres d’altitude, la vue est magnifique, nous sommes heureux d’arriver.
Pas pour longtemps, les guides sont unanimes, si vous voulez faire le Mont Blanc il faut enchaîner ce soir, demain ce ne sera pas possible, la météo est mauvaise.
Le vent souffle de plus en plus fort, quatre ou cinq cordées de militaires avec leurs guides civils, partis de Tête rousse s’élancent à l’assaut du Mont Blanc (malgré leur excellente condition physique une seule cordée arrivera au sommet)

Oswald et Roger très optimistes, partent à leur tour (après avoir emprunté un pantalon de ski au gardien du refuge) Quelques heures plus tard ils reviennent titubants, hagards, « carbonisés » me dira Oswald. Ils sont montés au refuge Vallot 4362 mètres.
Bravo les Papies vous avez fait 1990 mètres de dénivelé en haute montagne.
Le lendemain, déçus, nous redescendons direction le Nid d’Aigle dans une tempête de neige.
Je prête mon surpantalon à Oswald qui oublie ses bâtons télescopiques au nid d’aigle (je tiens à vous rassurer il a toujours sa tête)

Vendredi 4 juillet, Oswald et Michel repartent.
La montée au refuge du Goûter se fait sous la neige. La météo est optimiste pour le lendemain. Au refuge les guides sont unanimes, demain il fera beau mais il fera très froid.
Oswald n’est pas inquiet il a deux pantalons dans son sac.
Le refuge est plein à craquer, réveil prévu à deux heures du mat. Pas la peine à 1 heure trente ils sont déjà tous debout. En premier les saxons ronfleurs……Sagement nous attendons deux heures.
C’est la bousculade pour déjeuner et s’équiper.
Nous partons parmi les derniers, l’air est glacé, il fait beau, le ciel est étoilé.
Nous contournons le refuge, une pente très raide, nous passons à coté des tentes des plus courageux qui campent sur le replat, on monte sur une bosse et d’un seul coup, le spectacle qui s’offre à vos yeux est grandiose.
Dans la nuit noire on ne voit pas la montagne, on en devine le relief à la longue guirlande de lumière qui la serpente en scintillant, les plus hautes se confondent avec les étoiles. En bas les lumières orangées de Saint Gervais - le Fayet, c’est superbe.
La neige gelée crisse sous les crampons, nous sentons la morsure du vent, la pente est raide, rapidement nous rattrapons la file, on ralentit, ça bouchonne.

Le refuge du Gouter Seracs en montant au Gouter Vers le Mont Blanc du Tacul et le col du Midi Le vent est de la partie

Arrêt au refuge Vallot, le jour se lève, le vent forcit, les sommets fument, nous croisons les premiers malades qui redescendent.
D’autres, suivent des yeux inquiets la colonne qui ondule sur les arêtes des bosses.
Sur les arêtes le vent souffle en rafales, provoquant à chacune d’elles l’arrêt de la colonne, les cristaux de neige nous burinent le visage, nous aveuglent, on s’arqueboute sur son piolet, la trace est étroite et de chaque coté le vide noir et attirant.
Des colonnes de neige sont projetées au dessus des corniches, le spectacle est grandiose.
Malheureusement il ne nous est pas possible de photographier, c’est trop dangereux.
Nous ferons quelques photos au retour après que le vent se soit calmé.
On continue, le soleil se lève, les arêtes sont passées du rouge au rose étincelant, elles sont très belles ces arêtes, on éprouve un sentiment de liberté, de joie de vivre intense, on monte léger et d’un seul coup on ne monte plus la colonne s’éparpille, nous sommes au sommet.
Nous avons une pensée émue pour notre ami Marc qui nous a précédé sur ce sommet et qui a du éprouver la même joie que nous.

Crevasses et séracs Le refuge Vallot Sur l'arête Les derniers efforts en vue

Photo souvenir, on redescend vite, il fait très froid.

Le sommet pour Oswald Les papys sur le toit de l'Europe Vue sur une partie de l'Europe Vue sur les é2 autres mont blanc

Conclusions :
Notre projet initial était, de faire au retour, la traversée des trois Mont Blancs, le mont Maudit, le mont Blanc du Tacul, le col du Midi et de redescendre par le téléphérique.
Nous avions fait part de ce projet à François avant notre départ, ce dernier nous avait conseillé d’interroger ses collègues guides de Chamonix, en nous précisant que les conditions météorologiques exceptionnelles du mois de juin ont rendu la montagne dangereuse.
Ces derniers sont unanimes, la montagne n’est pas en conditions cette année, la course est très dangereuse, chute de séracs, ponts de neige fragiles, rimayes difficiles.
Etre montagnard c’est aussi savoir renoncer.

La descente Le Mont Blanc du Tacul L'objectif atteint Retour à la civilisation

Le Mont Blanc n’est pas une course difficile sur le plan technique par bonnes conditions, mais c’est une course de haute montagne qui demande une très bonne condition physique, une bonne expérience alpine et une préparation très sérieuse à l’ altitude .
Beaucoup de candidats ne parviennent pas au sommet. L’ascension du Mont Blanc ne devrait jamais être prise à la légère. Cette course restera pour nous un souvenir fabuleux. Pas de maux de tête au sommet (grâce à la médecine de François) pas de courbatures le lendemain, jour ou Oswald fera 400 Km en moto, et pour ma part je suis reparti sac au dos faire une voie d’escalade en Chartreuse.